GYM : imitez les animaux

Bondir comme le lapin, s’étirer comme le chat, prendre son envol comme la grue… En matière d’exercice physique, les animaux sont nos maîtres. Apprenons à leur ressembler pour nous mouvoir tout en souplesse. Et avec bonheur.

Selon la légende, c’est en observant un combat entre un oiseau et un serpent que le moine taoïste Zhang Sanfeng inventa le tai-chi-chuan. Il aurait alors constaté l’intérêt de développer la souplesse et les gestes circulaires pour se défendre en cas d’agression. « Le tigre gravissant la montagne », « l’ours qui se suspend » ou encore le cheval, l’araignée, le dragon… Depuis des siècles, les exercices tirés des arts martiaux et du qi gong imitent l’animal afin de compenser nos faiblesses, qu’elles soient naturelles ou liées à nos modes de vie. Ils permettent à l’homme de « prolonger sa vie sans laisser décroître sa vitalité » (« La gymnastique symbolique des cinq animaux », in Méridiens n°91, 1990), rapporte la sinologue Élisabeth Rochat de la Vallée. Nous avons en commun avec la plupart des animaux d’être « régis et animés par le sang et les souffles », explique-t-elle. Et pour cause : nous sommes de grands singes ! Bouger comme nos lointains cousins nous reconnecte à cette part animale. Cela remet également à jour « le logiciel de notre psychomotricité, détaille le psychothérapeute et psychomotricien Pierre Dalarun. Dès sa naissance, l’être humain rejoue tous les stades de l’évolution. Il reproduit sa condition de têtard dans le liquide amniotique, puis il rampe comme le serpent et se déplace à quatre pattes avant de passer à la marche bipède. En revisitant ce développement neuromoteur, ces exercices peuvent améliorer la motricité, altérée par les tensions ou les mauvaises postures acquises au fil de la vie ».

Faire le cobra au yoga, l’éléphant au kalaripayatt (autre discipline indienne), le poulet à la danse africaine… Spontanément, la consigne nous parle. « Elle fait appel à la représentation mentale de chaque animal ancrée dans notre psychisme. Cela stimule l’intentionnalité et facilite l’exécution du mouvement », poursuit Pierre Dalarun. Ce mimétisme invite à ne pas se focaliser sur la performance technique et à incarner les caractéristiques symboliques de l’animal : la férocité, l’agilité, la ruse, l’aisance… Alors, oublions le chronomètre ! Et laissons s’installer ce jeu expressif qui réveille, aussi, notre âme d’enfant.

 

Tonique : le saut du lapin

La méthode : « la gym des animaux »

 

Créée par le coach et maître en arts martiaux Karim Ngosso, cette discipline ludique imite la marche des animaux (ours, araignée, lapin, lézard, panthère, scorpion, crabe, héron, singe, kangourou…). L’objectif ? Lâcher prise sur le plan émotionnel et redécouvrir la reptation ou le déplacement à quatre pattes. Ces mouvements tonifient tout le corps, et développent l’agilité, la souplesse et la coordination.

 

L’exercice : accroupissez-vous pieds rapprochés, en écartant les genoux. Posez vos mains à plat devant vous, comme pour vous mettre à quatre pattes, visage incliné vers le sol. Relevez les talons. Pour bondir, avancez les deux mains simultanément puis rapprochez les deux pieds. Le bassin doit monter et redescendre. Les genoux restent toujours écartés et les bras, dans l’alignement des épaules.

Les bénéfices : l’exercice du lapin muscle les cuisses, les bras et le dos. Demandant de l’endurance, il oblige à respecter ses capacités corporelles, à faire attention au rythme et à la durée des sauts, à sa coordination, aux déséquilibres, au positionnement (évitez-le en cas de douleur au genou). En mettant le corps dans une posture insolite, il aide à domestiquer sa peur du ridicule et à ne plus surinvestir le mental.

Soyez « lapin » : ne cherchez pas à exécuter un mouvement parfait. Jouez ! Faites cet exercice avec vos enfants en racontant une histoire : « Maman lapin rentre au terrier avec ses petits, tourne à gauche, évite les branches… »

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Doux : le réveil du chat

La méthode : « la gym instinctive »

 

Élaborée par René Castagnon, sophrologue et préparateur physique et mental, elle se base sur la façon dont les félins, les équidés et les oiseaux se préparent à se mettre en activité. Elle vise à optimiser le fonctionnement corporel en combinant étirements, respiration périnéo-ventrale, visualisation, intentionnalité, écoute des sensations et éveil des cinq sens.

 

L’exercice : effectuez les étirements suivants dans votre lit, en les répétant deux fois chacun avant de passer au suivant. Inspirez sur l’extension et expirez à fond avant de relâcher les muscles. Allongé sur le dos, jambes pliées, pieds à plat sur le matelas, tendez vos orteils vers le plafond, puis recroquevillez-les. Ensuite, étendez les jambes et pointez-les vers le ciel. Les bras sur votre oreiller, au-dessus de la tête, saisissez le poignet droit avec la main gauche. Dessinez un arc avec votre corps : sans bouger le bassin, le bras gauche tire le droit et entraîne le haut du corps à gauche, tandis que le bas part aussi vers la gauche. Changez de côté.

Les bénéfices : la colonne vertébrale ainsi que les muscles, les tendons et les ligaments du cou jusqu’à la voûte plantaire s’assouplissent. Ce sont les faces antérieures (poitrine, abdomen…) et latérales (hanches, épaules…) qui travaillent.

Soyez « chat » : bâillez et prenez conscience de votre environnement en dressant l’oreille, en humant les odeurs, en vous gorgeant de la lumière du jour… Ne négligez aucune partie du corps. Sortez vos griffes en étirant aussi vos doigts.

En savoir plus : Des réflexes observés chez les animaux à ma gym instinctive de René Castagnon (version numérique sur e-amphora.com), appli Smartphone (gym-instinctive.fr) ou cours dans le Gers (acunca.fr).

 

Energique : l’envol de la grue

La méthode : « le jeu des cinq animaux »

 

Le wu qin xi est une forme de qi gong qui imite le tigre, le singe, l’ours, la grue et le cerf, et qui renforce l’énergie vitale du corps. Son créateur, le médecin Hua Tuo, né en 110 après J.-C., se vantait d’avoir encore, à 90 ans, « l’ouïe fine, la vue perçante et les dents solides et complètes ». Chaque animal se réfère à un des cinq éléments, à des organes et à des saisons. La grue est ainsi liée aux poumons et à l’automne.

L’exercice : genoux fléchis, tendez légèrement vos bras devant vous à hauteur du nombril. Posez une main sur l’autre, doigts pointés vers l’avant et paumes vers le sol. Redressez-vous en vous inclinant vers l’avant et en levant les bras dans le prolongement de la tête. Gardez les paumes vers le sol et les lombaires creusées. Revenez en position debout. Puis portez le poids du corps sur la jambe droite. Tendez-la tout en déployant la gauche vers l’arrière pour vous tenir en équilibre. Simultanément, écartez les bras vers l’arrière en tournant les paumes vers le ciel. Recommencez de l’autre côté et finissez debout, bras relâchés. Inspirez toujours en levant les bras et expirez en les abaissant.

Les bénéfices : cet exercice libère le haut du dos, les épaules et les bras. Il sollicite l’équilibre et ouvre la cage thoracique. Par ailleurs, il active les méridiens des poumons et du gros intestin. Les poumons étant en lien avec la tristesse, il peut aider à lutter contre la mélancolie automnale.

Soyez « grue » : cet oiseau inspecte son environnement dans toutes les directions. Adoptez ce regard circulaire. Imaginez aussi que vos bras sont des ailes : dégagez les aisselles et ouvrez les coudes. Les poignets et les doigts sont souples tel le bout d’une plume. Bougez calmement. Théâtralisez votre geste.

En savoir plus : federationqigong.com et tempsducorps.org.